Hopelove Artiste de A à Z

Hopelove Artiste de A à Z

Chronique d'une adolescente lesbiene : Chapitre 4

Chapitre 4

 

La chair de poule et les frissons qui me parcourraient l'échine persistèrent un moment avant de me quitter et de me laisser reprendre mes esprits. Sûrement le manque de sommeil, me dis-je. J'avais continué de somnoler et avais imaginé cette scène, le stress avait accentué tout ça. Je m’humidifiais le visage avec de l'eau fraîche et entrepris de me maquiller. Les cicatrices de coups avaient presque totalement disparu, heureusement depuis le temps. J'ouvris ma trousse de maquillage comme un peintre sortirait sa toile, ses pinceaux et peintures. Comme lui, je me mis à masquer le blanc, l'espace vide, à combler une réalité trop brute, à déguiser la laideur, le naturel, à créer. Rapidement mon visage se transforma en œuvre. Personne de ne se douterait de l'état dans lequel il était quelques jours plus tôt.

Sur le billet d'absence, j'assassinerais un quelconque proche, qui justifierait la semaine où je n'avais pas mis les pieds au collège. Un jean, un top, une veste, des ballerines, un poing américain, mon sac, rien ne manquait. Quand on prend le métro et qu'on s'aventure dans des ruelles sombres, il vaut mieux passer inaperçu et avoir de quoi se défendre quand on n'en a pas la force.
Dix minutes plus tard, je me laissais bercer par les vibrations du métro sur les rails, comme presque tous les autres passagers à vrai dire. Le regard dans le vide, tourné vers la paroi du tunnel taguée, je me perdais dans un labyrinthe de pensées.


Dans ma descente aux enfers, sur ce chemin sombre, ma route avait croisée celle d'un semblant d'amie. Je lui avais accordé un simple regard, un regard de trop, j'avais croisé le sien et c'était trop tard. J'aurais préféré prendre un sentier plus abrupt, pour ne pas la rencontrer. Sa présence devint vite trop pesante, elle était passée de l’oxygène au gaz de ma triste réalité.

 

Mais notre relation ne fut pas éclair cependant. Entre le début et la fin, il y eu une longue période de faim...

 

Pendant plusieurs mois les œillets qu'elle m'avait mis sur les yeux m'empêchaient de voir la vérité en face, de voir sa face cachée. Comme moi, elle s'appelait Ana, mais je sus plus tard que ce n'était qu'un acronyme moins laid que son nom complet.
Elle avait un corps de magazine, que j'enviais. Les coups de mon bourreau de père sur mon corps frêle manquaient à chaque fois de me briser un os. Je m'était donc construit une armure au fur et à mesure. Armure réconfortante, de chocolat, de bonbons, de sucre, château fort édulcoré, de 12 kilos. Les couleurs arc-en-ciel des sucreries redonnaient un aspect joyeux à ma vie en noir et blanc. Mais je connut pire que la violence physique. Les moqueries aiguisées de mes camarades étaient bien plus douloureuses que les coups de poing au visage. À chaque éclat de rire derrière moi, je me sentais agressée, humiliée. J'étais devenue la grosse truie. Ana la vache. Ana le thon. Ana gros tas. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'au fond j'étais juste Ana a mal. Mon ventre rond, mes joues potelées étaient une protection, tout autant qu'une malédiction. J'étais une fille pas comme les autres, mais je voulais justre être une fille comme toutes les autres

Un soir de plus où j'étais seule dans mon lit avec pour seule compagnie des tablettes de chocolat, pleurant sur mon oreiller, écouteurs faisant résonner de la musique au volume maximum dans mes oreilles pour ignorer le bruit de mes sanglots, Elle frappa à ma porte. Je n'attendais personne d'autre que Morphée ce soir-là, surprise, il me fallut du temps avant de réaliser qu'une amie se présentait à ma porte. Je la découvris en ouvrant un pop-up sur internet. Un corps de rêve, taille de magazine, jambes d'échassier, corps de déesse, elle sut me charmer avec son physique merveilleux, et m'attirer dans ses filets.

 

J'avais répondu à l'appel de la belle Sirène, son chant envoûtant m'ayant convertie et rendue docile à tout ce qui suivrait. Elle s'adressait à moi directement dans une lettre, identique à celle qu'elle devait présenter aux autres jeunes filles qui faisaient partie de son cercle privé. Je lus, comme si c'était une Bible, un livre saint et sacré. Je ne me méfiai de rien, trop naïve peut être, ou trop débordante d'envie et d'espoir de pouvoir devenir comme Elle, me rapprocher, être son idéal, faire partie du cercle d'amis privé et spécifique.

 

Elle endormit la partie de moi sensée et inquiète de mon être qui s'alarmait de plus en plus à chaque phrases avec de belles promesses, de beaux mensonges. Maintenant droguée, convertie, j'ouvrais la porte à cette nouvelle amie que j'avais appris à connaître, à aimer en aussi peu de temps qu'il avait fallu à La toile pour me capturer par ses images que je n'avais pas choisi de rencontrer. Mes larmes arrêtèrent de mouiller mes joues, Ana les séchait avec ses doigts longs et osseux que j'enviais. Les couleurs réconfortantes des cochonneries que je mangeais juste avant de croiser le chemin de cette meilleure amie devinrent fades, ternes. J'en perdis l'appétit, l'envie de me gaver comme une truie, Ana la truie, c'était fini. J'imprimais tous ces commandements, je continuais de visiter ce site qui m'apparaissait comme un paradis, de sombrer dans la maladie.

 

Je me sentais bien je me trouvais belle, en perdant chaque jour cette armure devenue prison. Et un et deux et trois kilos en moins, je les comptais comme on compte les moutons pour s'endormir, comme une enfant innocente qui ne comprend pas dans quoi elle s'embarque. Cette histoire passionnelle avait pourtant bien commencé, elle me rendait belle au fur et à mesure que les jours passaient. Mais vite je devins fatiguée, essoufflée, de l'oxygène elle était devenue le gaz qui m'asphyxiait. Quand je faisais une crise et que je mangeais un peu plus de 500 calories, j'en venais à espérer que ce soit ce soir-là que mon père rentrerait ivre pour me frapper. Je devenais folle. Elle ne m'inspirait plus que de la haine. Quand j'écrivais ces trois lettres suivies d'insultes, il m'était impossible de savoir si c'était elle ou moi qui se cachait derrière " Ana'' ".

 

Au collège, les moqueries avaient disparues, laissant place à la crainte et à la pitié. C'est avec l'infirmière du collège que je découvris ce qui s'était passé sans que je ne m'en rende compte, dans quelle histoire je m'étais fourrée comme un lapin dans un terrier de renard...

 

Ana, ce n'était pas pour anonyme, c'était pour anorexie. J'avais juste voulu perdre les kilos qui me valaient tant de sanglots, j'avais juste cru trouver une amie. Je me retrouvais seule, emprisonnée par la maladie...
Ma santé en était arrivée à un stade critique, tout ça pour éviter les critiques.

 

Mon père m'en voulut, et j’eus peur qu'il ne me frappe plus souvent et plus fortement, sachant pertinemment que mon corps à bout n'aurait pas supporté. Les simples rafales de vent du mois de janvier faisaient plier mes jambes squelettiques, une claque m'aurait brisée tout entière. Mais dans ce malheur qui avait su s'insinuer en moi de façon maligne, la chance avait pu fleurir : mon père s'occupa de moi, très inquiet de mon état.
Il cessa de me battre, me soutint et s'intéressa à moi. Après un malaise qui m'avait mené aux urgences, j'eus des rendez-vous avec les psychologues de l'hôpital . Il fut convenu que mon état était trop grave pour me laisser " dans la nature ", que j'étais un danger potentiel pour ma propre personne. Je dus donc intégrer ce centre pour les ados ayant des problèmes divers, pour qu'ils puissent m'aider, disaient-ils, et pour surveiller mon alimentation, avais-je compris. Pendant ce temps d'hospitalisation, je songeais souvent à ma sœur, et craignais l’état dans lequel je la retrouverais à ma sortie... Et j'avais raison de le redouter.


06/12/2014
0 Poster un commentaire

Chronique d'une adolescente lesbiene : Chapitre 3

QUAND MON PRESENT EMBRASSE MON PASSE

Chapitre 3
analyse080.jpg

Je marche au milieu de la foule. Il doit être midi, le soleil tape fort sur le bitume, dégageant une chaleur désagréable, étouffante. Je suis seule, étrange pour aller faire les boutiques. Une sonnerie de téléphone retentit, et il me faut trop de temps pour réaliser que c'est la mienne dans tant de brouhaha.
Un message :
Mia:
'' Rendez-vous au Mcdo, dans 30 minutes. Bisou"


Merde ! J'allais être en retard. J'accélère le pas et tourne à l'angle de la grande rue. Et là, je meurs. Je crois. Non, je revis. Mon cœur loupe un battement, mes jambes deviennent le petit nuage sur lequel je flotte au moment où je la vois. Au moment même où mes yeux croisent les siens. Ses yeux, des épées affûtées qui me transpercent. Impossible de soutenir un tel regard. Surnaturel, c'est le mot, fantastique, c'est la réalité. Je ne saurais distinguer leur couleur de si loin, mais ils irradient de leur excès de brillance. Je détourne le regard, submergée par un sentiment qui me fait perdre pied. Un sentiment inconnu, aussi puissant qu'un raz-de-marée. Mon attention s'attarde donc sur le reste de sa délicieuse personne.

 

Elle est habillée d'une robe en voile rouge, tranchant à merveille avec sa peau pâle. D'ailleurs, je n'en avais jamais vu une aussi pâle, aussi laiteuse, d'une blancheur éburnéenne, parsemée de petits éclats d''ambre. Cette peau magnifique, est bien la seule chose qui recouvre ses os, saillants. La volupté de sa robe laisse ses côtes visibles. Ses longues jambes sont si fines qu'il paraît impossible qu'elles supportent le reste de son corps. Son allure et sa démarche n'en sont que plus aériennes. Est-ce l'état dans lequel je me trouve qui me donne l'impression qu'elle vole ?


Sa minceur, ou plutôt sa maigreur, étrangement exerce un charme fou. Son visage au teint translucide est encadré d'une cascade de cheveux roux, bouclés telle une crinière.
Ils jaillissent de son crâne pour ricocher sur ses épaules, et s'évanouissent sur ses hanches. Quelques boucles lui reviennent sur le front, lui donnent un air encore plus sauvage, encore plus désirable... encore plus sensuel.

 

Je n'ai pas le temps de contempler son visage, une fougue imprévisible redonne de la consistance à mes jambes, me pousse vers elle. Elle avance aussi, il me semble tout du moins, car mon esprit ne répond plus, ce qui m'arrive paraît si irréel, me donnant l'impression de regarder la scène hors de mon corps, de voir le spectacle se dérouler devant mes yeux sans pouvoir changer quoi que ce soit. Comme un pion, mais jamais un pion ne pourrait avoir tant envie de se laisser guider. Elle me stoppa net, rapidement mais étrangement, avec une délicatesse fortuite. Sa main se posa sur mon épaule, et elle m'attira vers elle avec force et douceur. La puissance qu'il y avait dans ses membres allumettes était invraisemblable. À cet instant, elle m'apparut plus comme un félin que comme une femme. Il me semble d'ailleurs que cette image était assez proche de la réalité...
Avec tendresse, elle saisit mon visage avec ses mains fines et allongées, plongeant ainsi son regard dans le mien. "Mon regard attire le vôtre comme un aimant, ils s'embrassent, s'embrasent, s'enlacent, mais jamais ne s'en lassent, s'emmêlent, jusqu'à ce que la réalité s'en mêle..." Ce fut le cas, mais la réalité ne se mêla de rien.

 

De si près, je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres, il m'était alors difficile de ne pas perdre pied dans une telle vague de sensations. Je me ressaisis le temps d'admirer son visage. Sa peau n'était pas que couleur ivoire, elle en avait aussi la pureté. Et ses taches de rousseur lui donnaient un côté sauvage à vous ôter les mots de la bouche...
Mon Dieu ! Sa bouche! Charnue et rosé, elle m’envoûtait. Je ne pouvais détourner mes yeux de ses lèvres exquises. J'étais hypnotisée. Je me sentais comme une image mise sur la pause, figée, tout ce qui se passait autour de moi avait disparu, je ne percevais plus rien, sauf la chaleur de son souffle, les battements de mon cœur.

 

Elle stoppa ce moment de transe en passant son index doucement sur mes lèvres, et y déposa tendrement un baiser. Des frissons me parcoururent l'échine, jusqu'à me faire frémir. J'eus la chair de poule. J'avais cette sensation de chaleur torride, et de froid intense en même temps. Des papillons me butinaient le ventre, tandis que d'autres tentaient de réanimer mon cœur. La douceur de sa main se posant sur mes reins servit d'électrochoc, me redonnant vie, des sueurs survinrent, et j'eus l'impression d'avoir fait un plongeon dans une fontaine d'eau glacée. La délicatesse céda la place à la passion, la fougue du baiser me fit m'envoler de mon petit nuage au septième ciel.


Quand cet instant magique se termina, je sentis quelque chose ce briser en moi, me rendant vide, seule. J'ouvris les yeux, et pus enfin admirer les siens. De couleur dorée, comme de l'ambre, flamboyant comme le soleil. De longs cils noirs recourbés embellissaient son regard. Elle avait des yeux de biche à l'iris de Loup. Elle avait la fragilité d'une gazelle et la fougue d'un lion. Elle n'était qu'un rêve, malheureusement. Je le compris en me réveillant en sursaut, dégoulinant de sueur, affolée.

 

Une fille... C'était une fille... un sentiment étrange de peur et de culpabilité m'envahit. Malgré tout, je jetai un regard noir à mon réveil qui m'avait tiré de ce rêve si envoûtant. Ni une ni deux, il passa par la fenêtre ! Un cri au dessous de moi m'interpella, et je cru mourir en voyant la belle rousse de cette nuit en bas, stupéfaite devant ce réveil tombé du ciel. Comme moi, par elle, cet ange tombé du ciel. Abasourdie, je reculais en hâte, pour reprendre mon souffle et mon sérieux. Ce n'était pas possible. Regardant de nouveau, je ne vis que le réveil en mille morceaux sur la chaussée, la belle rousse comme un mirage s'était évanouie.


06/12/2014
0 Poster un commentaire

Chronique d'une adolescente lesbiene : Chapitre 2

Chapitre 2


Pourtant un jour, nous étions une famille unie. Des parents qui s'aiment, des chamailleries entre sœurs, des pique-niques le dimanche et des vacances à la mer. Des dîners de Noël qui sentaient le pain d'épice, les épines de sapin, la convivialité, qui avaient le doux parfum du bonheur. Des anniversaires qui laissaient l'odeur de la cire de bougie et de gâteaux au chocolat flotter dans la cuisine, un air de rires résonnant en bruit de fond. Agréable bruit de fond.
Tout ça aujourd'hui ne sent plus que la nostalgie, n'a plus qu'un mauvais goût de regrets, une odeur acre, un goût amer.


Pour un changement aussi radical, de ce passé à notre présent, il n'en avait suffit que de très peu. Pour que tout bascule, il avait suffit qu'elle bascule. Pour qu'on soit acculé vers le bas, une petite étincelle, et toute notre vie s'embrasait, aux enfers...
Une fenêtre au douzième étage, une lettre sur le lit, où l'encre et les larmes ont fait des taches ici et là, deux pendentifs, sa bague de fiançailles, une raison qui nous est inconnue, un dernière dose de désespoir muée en courage, une légère impulsion dans les genoux, il n'en fallut pas plus pour qu'elle prenne son envol. Il n'y eu pas que son cœur et son corps qui implosèrent à l'impact, 50 mètres plus bas. Avec ses os, notre vie vola en éclat. Les jours noirs de la période de deuil s'étendirent à l'horizon. Impossible de passer à autre chose.

 

Nos journées étaient rythmées par les sanglots, et la nostalgie. Le temps où Ashley et moi rentrions en courant nous jeter dans ses bras après l'école, pressées de pouvoir dévorer ses merveilleux cookies qu'elle nous préparait pour quatre heure. Le temps où elle venait nous border, déposait un baiser sur notre front, et partait retrouver les bras aimant de notre père. Le temps des cauchemars qui servaient d'excuses pour aller se réfugier dans le lit des parents. Le temps de l'enfance, du bonheur, de l'allégresse, de la gaîté, (des cookies), était révolu, lointain, à notre plus grand regret. Tous ces rires, tous ces moments privilégiés, toute cette bonne humeur, toute notre vie de famille était partie avec elle. tumblr_l2ftwv832L1qbskx5o1_500_large.jpg


Moi, je lui en voulais, à moins que je ne lui en veuille toujours. Ma sœur, elle, lui en voudra sûrement toute sa vie. Mon père lui, s'en veut. C'est bien la seule chose qui lui provoque des remords, pourtant c'est bien la seule pour laquelle il n'a rien à se reprocher...
Il ne s'en est jamais remis, et je doute qu'il s'en remette un jour. Malgré tout ce qu'il nous fait subir, la haine profonde que j'ai pour lui, je le vois autant comme un bourreau, qu'il est que comme la loque qu'il est devenu, il me fait peur, mais me fait aussi pitié, j'ai du dégoût, et de la peine pour lui.

L'acte inexpliqué, inexplicable de ma mère l'a fait sombrer, les premiers temps il ne quittait pas sa chambre, il se mutilait l'esprit inlassablement avec une photo d'eux à leur mariage, il ne nous parlait plus que d'elle, et voulait constamment nous avoir dans ses bras, pour nous réconforter, mais surtout pour se réconforter.

 

Ma sœur et moi, on s'occupait de la maison, des repas, d'à peu près tout à vrai dire. Ashley n'avait que 12 ans, mais c'est comme si elle en avait pris 4 de plus en quelques semaines. Elle jouait aux Barbie quelques mois avant le suicide de ma mère, et le mois qui suivi l'enterrement, elle faisait la cuisine, s'occupait de mes devoirs, allait faire les courses. Nous étions comme orphelines. C’était difficile, mais on pensait que notre père allait se remettre, et que notre vie ne serait plus qu'à moitié détruite, qu'on redeviendrait des enfants, et lui un père.


Il fini par trouver un bon psy, qui l'aidait tout les vendredis soirs à noyer sa peine, Nommé Jack Daniel's. Puis ce réconfort éphémère devint un besoin, une drogue. Il devint continuellement soûl. La situation avait changé. Nous n'avions pas repris notre place d'enfant, il n'avait pas repris celle de père. Nous étions devenues des martyres sous le joug d'un tortionnaire. Et nous le sommes toujours...


06/12/2014
0 Poster un commentaire

Chronique d'une adolescente lesbiene : Chapitre 1

Chapitre 1

Avant de pouvoir me juger, il vous faut connaître mon passé. Pour comprendre mon état présent, vous devez savoir tout ce qu'englobe le mot ''jadis'' à mes yeux. Nous avons tous tendance à juger trop vite, d'un regard penser tout savoir sur quelqu'un, et être en droit de le critiquer. Ce qu'on ne sait pas, on l'invente, créant ainsi des rumeurs infondées. Vous n'aurez plus rien à inventer, car vous saurez tout, de ma plus grande joie, à ma plus terrible souffrance. De mes surprises, à mes moments de routine. Alors par pitié, attendez, attendez de tout savoir sur ce que j'ai vécu, attendez de me connaître, attendez avant de vous faire une opinion sur ma personne...

 

Souvenirs... :


Tout commença à s'envenimer lors de mon entrée au collège. Avant ça, mes poupées et mes peluches me permettaient de tenir, de m'enfermer dans un monde rose, idyllique... imaginaire. Mais entrer dans "la cour des grands", ça ouvre les yeux sur la réalité.

Ce jour-là, mes yeux, j'avais du mal à les ouvrir. Mes paupières, gonflées à cause des bleus, mes cils, collés à cause des larmes, je ne pouvais qu'observer en gémissant de douleur les ténèbres qui m'entouraient. J'avais peur de devenir aveugle, peur de ne plus jamais pouvoir esquiver les coups, peur qu'on se pose des questions, comme à chaque fois. La douleur physique était bien plus supportable que la douleur mentale, qui me vrillait le cœur. Le silence et le noir qui m’entouraient étaient ma prison. Comme toujours, je finissais dans cet état sans raison valable, même si rien n'excuse la violence, aucuns de mes actes ne justifiait le déclenchement d'une telle fureur. J'aurais pu être muette, que mes dires l'auraient vexés. J'aurais pu être aveugle, que mon regard aurait été insolent.

Une mauvaise journée, un bière de trop, une minute de retard de ma part, il n'en fallait pas plus pour en arriver à une pluie d'insultes, de coups, de larmes.


Mon bourreau, je lui devais la vie. A cause de lui, plutôt, j'étais née, et je devais supporter la folie dont il faisait preuve depuis mes 8 ans. Je n'étais pas seule, heureusement, ma sœur Ashley, de 4 ans mon aînée, était là pour me protéger, où plutôt pour encaisser les coups les plus puissants. Elle m'avait promis qu'à sa majorité elle m'emmènerait avec elle. Alors nous comptions les jours, en priant pour que ces six années passent rapidement. Ashley, c’était bien plus qu'une simple sœur pour moi.
Elle était mes jambes de secours, quand les miennes ne pouvaient plus me porter. Elle était mon cœur de secours, quand le mien voulait arrêter de battre. Elle était ma source de force, quand celle qui m'habitait me quittait pour laisser sa place à la fatigue de la vie. Elle était ma réserve de courage, quand le mien se muait en désespoir. Elle était mon puits de joie, quand le mien était asséché par mes pluies de larmes. Elle était l'épaule sur laquelle je pouvais me reposer, quand je baissais les bras. Elle était le seul mouchoir, la seule vanne, capable d'assécher, de stopper mes sanglots. Elle était mon attrape rêve, quand mes cauchemars me suivaient jusqu'après l'aube. Elle était mon journal intime, quand le poids qui pesait sur mon cœur et mon esprit était trop lourd pour mon corps si frêle...


Elle fut ma mère, quand cette dernière nous abandonna à notre triste sort.
Elle était ma dernière raison de vivre. Mon tout. Et moi, j'étais sa petite princesse, son petit ange, son joyau, la prunelle de ses yeux, sa petite peluche, comme elle me le disait quand nous dormions ensemble, collées l'une à l'autre.
Pourtant... tumblr_lvfc27Q0LP1qefnxfo1_250_large.jpg


06/12/2014
0 Poster un commentaire

[Présentation] Chronique d'une adolescente lesbienne, Amour Saphique

 

Présentation

Je m'appelle Ana, j'aurais bientôt 16 ans. Et ça fera bientôt 16 ans qu'on me dit que mon prénom me va à ravir, signifiant la grâce, il me correspond, aux dires des autres. Toujours selon eux, je suis bien plus que gracieuse, je suis hypnotisante, d'une grande beauté, j'ai ce petit quelque chose, qui me rend différente, qui fait qu'on ne peut que me remarquer. Je suis le stéréotype des séries américaines pour teenagers. J'ai de longues jambes galbées, une taille fine, marquée, soulignée par de jolies formes, et de frêles épaules. Un visage encadré d'une magnifique cascade de cheveux blond miels, brillants comme le soleil, ondulant jusqu'au bas de mon dos. Une bouille de poupée dont la peau legerement caramel, épargnée par l'acné comme le reste de mon corps, contraste à merveille avec le bleu gris de mes yeux de biches: grands et legerements en amande, soulignés par une frange de cils fournie et longue, leur bleu identique à celui du ciel grisatre des jours d'automne, glacial, métallique, brillant. Impossible de ne pas s'y perdre, sensuel, mon regard attire le votre comme un aimant, ils s'embrassent, s'embrasent, s'enlace, mais jamais ne s'en lasse, s'emmelent, jusqu'à ce que la réalité s'en mele, stoppant l'hypnose que j'exerce sur vous, sur eux, sur les hommes en particulier. Quant à ma bouche, pulpeuse et rosée, dissimule un sourire d'une blancheur éblouissante. Toujours bien habillée, à la pointe de la mode, mise en valeur quoi qu'il arrive, pluie, neige, canicule, rien n'y changeait...

C'est ce qu'ils disent, tous, ou presque. Tous ces compliments, ces flatteries, de l'hypocrisie le plus souvent, me laissent indifferente. C'est surement pour une partie, ce qu'ils pensent réellement malgré tout.


Mais ce n'est pas ce que je pense, ce que je vois, ce que je crois. Je ne suis pas égocentrique ni narcissique. Depuis toujours, primaire, college, et maintenant lycée, je suis la fille qu'on remarque, qui a beaucoup d'amis. La fille trop jolie, sur qui on invente des rumeurs, la fille qu'on aime bien sans la connaitre. Mais je ne pense pas ça de moi. Je n'en ai rien à faire des autres, à l'exception de mes meilleurs amis. Je ne comprend pas ce qu'on peut me trouver. Je prend soin de moi, plus par sentiment d'obligation que par envie. Les vetements de marques, ils ne voient que ça, et c'est ce que je veux. Mes beaux cheveux, ils épient chaque jour la façon dont je les ai coiffés. Par ma poitrine, ils sont omnubilés. Ils remarquent tout mes sourires, grâce à la blancheur de mes dents. C'est ce que je veux, qu'ils ne voient que ça. Qu'ils ne voient pas le reste. Les cicatrices. Les blessures. Les bleus. Les dents cassés qu'ont m'a remplacées. Les jours où je boite, où j'ai un bandage au poignet, un maquillage inhabituel, une coiffure sensationnelle, une nouvelle ten
ue que tout le monde s'arrache, et on ne remarque rien.

ashley-benson-rejoint-la-bande-de-copines.jpg


01/09/2013
0 Poster un commentaire