Hopelove Artiste de A à Z

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Chronique d'une adolescente lesbiene : Chapitre 2

Chapitre 2


Pourtant un jour, nous étions une famille unie. Des parents qui s'aiment, des chamailleries entre sœurs, des pique-niques le dimanche et des vacances à la mer. Des dîners de Noël qui sentaient le pain d'épice, les épines de sapin, la convivialité, qui avaient le doux parfum du bonheur. Des anniversaires qui laissaient l'odeur de la cire de bougie et de gâteaux au chocolat flotter dans la cuisine, un air de rires résonnant en bruit de fond. Agréable bruit de fond.
Tout ça aujourd'hui ne sent plus que la nostalgie, n'a plus qu'un mauvais goût de regrets, une odeur acre, un goût amer.


Pour un changement aussi radical, de ce passé à notre présent, il n'en avait suffit que de très peu. Pour que tout bascule, il avait suffit qu'elle bascule. Pour qu'on soit acculé vers le bas, une petite étincelle, et toute notre vie s'embrasait, aux enfers...
Une fenêtre au douzième étage, une lettre sur le lit, où l'encre et les larmes ont fait des taches ici et là, deux pendentifs, sa bague de fiançailles, une raison qui nous est inconnue, un dernière dose de désespoir muée en courage, une légère impulsion dans les genoux, il n'en fallut pas plus pour qu'elle prenne son envol. Il n'y eu pas que son cœur et son corps qui implosèrent à l'impact, 50 mètres plus bas. Avec ses os, notre vie vola en éclat. Les jours noirs de la période de deuil s'étendirent à l'horizon. Impossible de passer à autre chose.

 

Nos journées étaient rythmées par les sanglots, et la nostalgie. Le temps où Ashley et moi rentrions en courant nous jeter dans ses bras après l'école, pressées de pouvoir dévorer ses merveilleux cookies qu'elle nous préparait pour quatre heure. Le temps où elle venait nous border, déposait un baiser sur notre front, et partait retrouver les bras aimant de notre père. Le temps des cauchemars qui servaient d'excuses pour aller se réfugier dans le lit des parents. Le temps de l'enfance, du bonheur, de l'allégresse, de la gaîté, (des cookies), était révolu, lointain, à notre plus grand regret. Tous ces rires, tous ces moments privilégiés, toute cette bonne humeur, toute notre vie de famille était partie avec elle. tumblr_l2ftwv832L1qbskx5o1_500_large.jpg


Moi, je lui en voulais, à moins que je ne lui en veuille toujours. Ma sœur, elle, lui en voudra sûrement toute sa vie. Mon père lui, s'en veut. C'est bien la seule chose qui lui provoque des remords, pourtant c'est bien la seule pour laquelle il n'a rien à se reprocher...
Il ne s'en est jamais remis, et je doute qu'il s'en remette un jour. Malgré tout ce qu'il nous fait subir, la haine profonde que j'ai pour lui, je le vois autant comme un bourreau, qu'il est que comme la loque qu'il est devenu, il me fait peur, mais me fait aussi pitié, j'ai du dégoût, et de la peine pour lui.

L'acte inexpliqué, inexplicable de ma mère l'a fait sombrer, les premiers temps il ne quittait pas sa chambre, il se mutilait l'esprit inlassablement avec une photo d'eux à leur mariage, il ne nous parlait plus que d'elle, et voulait constamment nous avoir dans ses bras, pour nous réconforter, mais surtout pour se réconforter.

 

Ma sœur et moi, on s'occupait de la maison, des repas, d'à peu près tout à vrai dire. Ashley n'avait que 12 ans, mais c'est comme si elle en avait pris 4 de plus en quelques semaines. Elle jouait aux Barbie quelques mois avant le suicide de ma mère, et le mois qui suivi l'enterrement, elle faisait la cuisine, s'occupait de mes devoirs, allait faire les courses. Nous étions comme orphelines. C’était difficile, mais on pensait que notre père allait se remettre, et que notre vie ne serait plus qu'à moitié détruite, qu'on redeviendrait des enfants, et lui un père.


Il fini par trouver un bon psy, qui l'aidait tout les vendredis soirs à noyer sa peine, Nommé Jack Daniel's. Puis ce réconfort éphémère devint un besoin, une drogue. Il devint continuellement soûl. La situation avait changé. Nous n'avions pas repris notre place d'enfant, il n'avait pas repris celle de père. Nous étions devenues des martyres sous le joug d'un tortionnaire. Et nous le sommes toujours...



06/12/2014
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